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En droit français, il est indispensable de disposer des preuves permettant d’établir la réalité des violences subies et des préjudices en résultant. Il convient de préciser qu’il est plus délicat d’établir la réalité des violences si aucun certificat médical n’a été établi.

Obligation de prendre votre plainte

Il est possible de porter plainte dans n’importe quel commissariat ou gendarmerie (de sa ville ou d’une autre). Les policier·es n’ont pas le droit de refuser votre plainte (application de l’article 15-3 du Code Pénal).

Le dépôt de plainte

Relisez bien votre plainte avant de la signer et n’hésitez pas à faire modifier certaines formulations ou rajouter certains détails si vous le pensez utile.

Eléments à garder

Immédiatement après le dépôt de plainte, l’agent de police doit vous remettre un récépissé de dépôt de plainte ainsi que, sur votre demande, une copie du procès-verbal de la plainte.

Important : si vous ne vous sentez pas prête à porter plainte ou si vous pensez ne pas avoir de preuves, contactez très rapidement le 39.19 ou une association spécialisée et parlez-en. Les professionnelles réfléchiront avec vous aux solutions possibles. Elles respecteront votre choix quel qu’il soit et votre rythme. Ce sera toujours à vous de décider.

Vous pouvez êtes victimes de violences psychologiques, physiques ou des deux.

a) En cas de violences physiques

Le mieux, si l’on s’en sent prête, est de déposer au plus vite une plainte au commissariat ou à la gendarmerie et de demander au commissariat ou à la gendarmerie d’être orientée vers le service d’urgence médico-judiciaire (UMJ) afin de faire constater le préjudice physique et le retentissement psychologique des violences subies. L’UMJ évalue l’ITT (incapacité temporaire de travail) dans son certificat médical. Le certificat médical établi par l’UMJ sera utile, voire indispensable, pour établir la réalité des violences et obtenir réparation ou solliciter une ordonnance de protection.

Voici les pièces à communiquer pour la procédure :

→  La plainte déposée et le certificat médical établi par service d’UMJ

L’Unité Médico-Judiciaire établit un certificat médical comprenant :

o l’identité de la victime ;
o les dires de la victime rapportés au conditionnel puisque le médecin n’a pas assisté aux faits, avec le maximum de neutralité et de façon exhaustive (témoignage sur les faits, intensité de la souffrance endurée, peur et angoisse…) ;
o la description précise des lésions qui engage le·a clinicien·ne (taille aspect, localisation des lésions), en précisant si l’âge des lésions est compatible avec les dires de la victime ;
o les conséquences physiques et psychologiques des blessures constatées.

L’unité médico-judiciaire évalue l’ITT (incapacité temporaire de travail) dans son certificat médical afin de pouvoir chiffrer le préjudice subi. Le critère principalement retenu pour la fixation de l’ITT, exprimée en nombre de jours ou de mois, est celui de la durée d’immobilisation obligatoire suite aux blessures et lésions et à leurs conséquences fonctionnelles.

L’ITT permettra de déterminer les suites de la procédure pénale : la qualification de l’infraction, les peines applicables, le mode de poursuite en fonction de différents seuils (inférieur égal ou supérieur à 8 jours ; inférieur, égal ou supérieur à 3 mois).

→  Un certificat médical établi par le médecin traitant, les urgences ou le médecin du planning familial.

Ce certificat doit contenir les mêmes informations que celles figurant dans le certificat du service d’UMJ.

→  Les attestations des personnes présentes lorsque les violences ont eu lieu ou des personnes ayant pu constater les préjudices subis.

L’attestation peut être établie sur un modèle type Cerfa : formulaire n°11527*02. Il est impératif que l’attestation soit manuscrite et que la pièce d’identité de l’attestant y soit jointe.

Les délais

La plaignante dispose de délais au-delà desquels elle perd ses droits à saisir la justice pénale.
Sauf situation particulière, ces délais sont les suivants :

• 1 an pour les contraventions,
• 3 ans pour les délits (dans la majorité des cas, c’est le délai dont vous bénéficiez),
• 10 ans pour les crimes.

Ces délais courent en principe à compter du jour de la commission de l’infraction. Ils sont augmentés pour certains délits ou crimes commis sur un mineur et peuvent ne courir qu’à compter de la majorité de la victime mineure.

b) En cas de violences morales et psychologiques

Les violences morales sont plus difficiles à prouver car elles ne laissent pas de marques sur le corps et sont souvent perpétrées dans l’intimité. Il est ainsi très rare que des personnes aient été témoins de ces violences.

Les pièces pouvant être communiquées pour tenter d’établir la réalité des violences morales et psychologiques sont les suivantes :

→ Les mails, courriers, SMS

ou tout autre écrit émanant de l’auteur des violences permettant de démontrer la réalité des violences subies

Pensez à imprimer les documents pour que, le jour du dépôt de plainte, ils soient joints à la procédure.

Concernant les SMS : faites des copies d’écran que vous enverrez à votre boite mail, à partir de laquelle vous pourrez les imprimer.

→ Les attestations des personnes présentes lorsque les violences ont eu lieu ou des personnes ayant pu constater les préjudices subis.

L’attestation peut être établie sur un modèle type Cerfa : formulaire n°11527*02. Il est impératif que l’attestation soit manuscrite et que la pièce d’identité de l’attestant·e y soit jointe

→ La plainte et le certificat de l’UMJ

Comme pour les violences physiques, il est important pour la victime, qui souhaite que l’auteur des violences soit sanctionné, de déposer une plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie et de demander à être orientée vers l’unité médico-judiciaire (UMJ) afin de faire constater le retentissement psychologique des violences subies. Comme pour les violences physiques, un certificat médical sera établi et l’ITT (incapacité temporaire de travail) sera évaluée afin de pouvoir chiffrer le préjudice subi.

Les policier·es doivent vous proposer un rendez-vous aux UMJ. S’ils·elles ne le font pas, demandez-le-leur. S’ils·elles refusent, faites inscrire sur la plainte, votre demande. Eh oui, entre la loi et la réalité du terrain, il existe parfois une grande différence.

→ Un certificat médical (comme pour les violences physiques)

Le certificat médical établi par le service d’UMJ ou tout·e autre médecin sera utile (voire indispensable) pour établir la réalité des violences et obtenir la réparation ou solliciter une ordonnance de protection.

En cas de violences morales, psychologiques, voire verbales, certains commissariats ou gendarmeries peuvent se montrer résistants à accepter votre dépôt de plainte, sous prétexte que votre affaire sera immédiatement classée sans suites par le·a procureur·e. Ainsi, le certificat médical, même s’il n’est obligatoire pour porter plainte, sera bien utile dans vos démarches. Assurez-vous de vous adresser à un·e médecin formé·e, qui sait comment établir ce certificat pour qu’il puisse être pris en compte. Voici un exemple de certificat.

c) Mise en garde

La plainte sert à réagir aux violences et à en sanctionner l’auteur.

Le fait de retirer sa plainte n’a pas pour effet de cesser les poursuites car le Ministère public qui représente les intérêts de la société peut décider de maintenir les poursuites contre l’auteur des violences.

En cas de retrait de la plainte par la victime, le prévenu (présumé auteur des violences) peut, à son tour, déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse à l’encontre de la personne ayant retiré sa plainte.

Lorsque vous portez plainte contre votre conjoint, il sera prévenu dans un laps de temps allant de quelques minutes à 1 mois plus tard. C’est un élément à prendre en compte, car il est difficile de rentrer chez soi avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête.

C’est la raison pour laquelle il est important de bien être conseillée. N’hésitez pas à demander des renseignements au pôle juridique de l’association. Nous vous encourageons aussi à anticiper les situations dans lesquelles vous pouvez vous trouver. Ainsi, vous n’agirez pas sous le coup de l’urgence et de la peur, mais en étant sûre de vos décisions.

d) Plus d’informations

* Article : Porter plainte : une bonne ou une mauvaise idée
* Peu de moyens financiers : bénéficier de l’aide juridictionnelle pour payer un avocat

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