Devant la violence conjugale dont les femmes sont victimes, on constate un dictionnaire d’idées reçues (comme dirait Flaubert) qui pousse à normaliser la répétition d’actes violents.

Les réflexions suivantes ne sont pas de la fiction. Elles ont été entendues dans la bouche de collègues, de connaissances mais aussi de journalistes, de médecins …

Dans notre milieu, une chose pareille n’existe pas

La violence subie par les femmes touche tous les milieux, toutes les cultures, tous les groupes sociaux. Le niveau d’éducation, la ville ou la campagne n’y font rien. Chaque fois qu’un mari, un amant, un compagnon, un ami, un homme est dominant, la femme est en risque de subir une violence.

Il était fatigué en rentrant du travail, je l’ai agacé, il m’a frappée

Le recours à la violence est un moyen pour contrôler et soumettre la femme. Rien ne le justifie. Il y a d’autres moyens d’exprimer sa fatigue dans le dialogue, le respect et le calme.

Comment se fait-il qu’elle ne porte plainte que maintenant ?

Les femmes qui se plaignent ne mentent pas plus que les autres catégories. Il est humiliant de s’avouer insultée et battue par son mari, presque toujours devant les enfants ou une autre personne. Le risque que prend la femme en accusant un homme de la violenter est un acte de courage. Les femmes méritent d’être écoutées et d’être crues.

On ne va pas faire une histoire pour une gifle. Elle a dû le pousser à bout.

La femme mérite donc une punition ! La gifle est une violence et même une violence particulière avec une charge de domination, de mépris et d’insulte. Personne n’a de gifles à recevoir de personne. L’avocat général Luc Frémiot dit qu’il faut intervenir à la première gifle.

Il est violent mais c’est sous l’emprise de l’alcool

L’homme violent n’a pas besoin de perdre le contrôle pour être violent. Toutes les études signalent clairement que l’alcool ou la drogue ne sont pas la cause de la violence mais l’accompagnent dans certains cas. C’est une excuse donnée par le conjoint.

Si elle ne part pas, c’est qu’elle a peur d’être seule

Beaucoup de raisons empêchent la femme de quitter une relation de violence. Les principales sont la peur (pour son intégrité psychologique et physique) et la dépendance. Où aller ? Que vont devenir les enfants ? Avec quels moyens ? Est-ce que ce moment n’est pas juste une mauvaise passe ?

Parfois le mari la menace. La femme, qui veut quitter un mari violent, se sent démunie, fragile et a besoin de soutien.

Ce n’est pas notre affaire, mieux vaut ne pas s’en mêler

L’isolement s’ajoute à la détresse et au désespoir des femmes victimes de violences conjugales. Si vous êtes près d’une de ces femmes, vous pouvez lui apporter votre aide.

  1. En lui disant qu’elle n’est pas seule. Vous pouvez l’aider à raconter ce qu’elle vit.
  2. En lui faisant comprendre que rien n’autorise une personne à la frapper, l’humilier ou la contraindre.
  3. En la laissant exprimer sa colère, sa peur ou sa culpabilité. Ne jugez pas ses décisions.
  4. Si elle a subi une violence physique et si elle veut une visite médicale ou porter plainte vous pouvez lui proposer de l’accompagner pour la soutenir dans sa démarche.
  5. En l’aidant à s’informer sur l’aide offerte aux femmes et enfants violentés, sur les foyers pour femmes, les centres de consultation, les services sociaux, les services juridiques, sur la protection juridique à laquelle elle a droit.

→ Les violences conjugales sont l’affaire de tous·tes

Le problème de la violence dans le couple nous concerne tous·tes. Le foyer n’est pas un sanctuaire.

Nous avons trop souvent considéré et considérons toujours que les violences conjugales concernent l’intime et que nous n’avons pas à nous occuper des affaires des autres. Pourtant la société est faite d’hommes et de femmes, par les hommes et les femmes, pour les hommes et les femmes. Chacun doit contribuer à aider l’autre à y trouver sa juste place.

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