Fabrice et Léa vivent en couple depuis 7 ans. Ils se sont mariés, il y a 2 ans. Fabrice insiste très fréquemment pour avoir des rapports sexuels. Souvent, Léa n’en a pas envie. Parfois elle s’y oppose, mais elle finit toujours par se laisser faire.

Viol4Quand on est mariée, on est obligée d’avoir des rapports sexuels avec son conjoint.

FAUX : Que ce soit dans le mariage ou dans toute autre forme de couple, on a le droit de refuser un ou des rapports sexuels que l’on ne désire pas. Un époux ne peut invoquer « le devoir » conjugal pour obliger sa conjointe à avoir des rapports sexuels…

Ce qui est déterminant, c’est de savoir si l’on est consentante ou non, si on le désire ou pas.

Si mon conjoint m’y oblige, il ne risque pas grand-chose…

FAUX : Si votre conjoint vous force : c’est un viol.

Que dit la loi ? L’article 222-23 du nouveau Code pénal indique que « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de 15 ans de réclusion criminelle. »

L’article 222-24 prévoit que le fait qu’un viol soit commis par « le conjoint ou concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité » est un facteur aggravant. Cela signifie, au contraire, qu’il est plus sévèrement puni : la peine de réclusion criminelle encourue passe alors à 20 ans.

Dans le cadre de ces mêmes articles, la privation de sommeil ou d’aliments, dans le but d’obtenir un rapport sexuel, est considérée comme une contrainte (voir la définition du viol). Ainsi, le fait d’insister pendant des heures pour arriver à ses fins par épuisement de sa partenaire est une façon de la contraindre.

De plus, de nombreux auteurs de violences vont « arracher » le consentement à leur conjointe sans avoir besoin de recourir à la force physique. Par exemple, lorsque les enfants dorment tout près et que les femmes savent que leur refus générera un conflit susceptible de les réveiller et de les rendre témoins de la scène, elles cèdent.

Mais les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes. Comment faire ?

FAUX : Vraiment ? Et vous, comment faites-vous lorsque vous vous sentez frustré(e) ?

Les besoins sexuels varient d’une personne à l’autre que l’on soit un homme ou une femme.

Globalement, les humains ne peuvent vivre sans sommeil ni alimentation. On intègre aussi souvent le fait d’avoir un toit. Par contre, l’absence de rapports sexuels ne met en péril ni notre santé ni notre sécurité.

Réduire les hommes à des êtres incapables de contrôler leur sexualité devrait sans doute être considéré comme insultant, mais le mythe des « besoins » masculins a la vie dure et a permis de justifier de nombreux crimes sexuels. On voudrait nous faire croire que certains hommes sont irresponsables, égoïstes et incapables de résister à des pulsions. Or, le viol n’a rien à voir avec une pulsion : c’est un acte réfléchi, qui n’a pour objectif que de détruire.

La violence conjugale et les violences sexuelles sont deux choses totalement différentes.

FAUX : La violence sexuelle peut exister en dehors des violences conjugales. Le contraire est plus rare.

La question de la sexualité doit être posée dans nos entretiens d’une manière douce, car elle n’est pas spontanément évoquée par les femmes qui, elles aussi, peuvent penser que « cela fait partie du couple ».

La honte d’évoquer des thématiques aussi intimes peut les empêcher de s’exprimer sur ce sujet pourtant très douloureux. La peur de ne pas être prises au sérieux et la question de la preuve sont aussi des motifs de réticence à évoquer de tels actes.

Pourtant, la violence conjugale repose sur l’inégalité des rapports de force et le désir de contrôle de l’un sur l’autre qui devient objet. La sexualité est un moyen puissant d’asseoir contrôle et domination sur la victime par la négation de ses désirs et l’atteinte à son intégrité physique et psychique.

C’est ainsi que les femmes évoquent des rapports sexuels non consentis, des pratiques sexuelles humiliantes et parfois même des actes de proxénétisme…

Toutes les femmes ont été forcées un jour ou l’autre, on ne va pas en faire toute une histoire !

FAUX : Il existe des hommes qui respectent et qui aiment leur femme.

Le viol n’est pas de l’amour ou du désir sexuel. C’est un acte de domination qui utilise l’autre et le dégrade. Les conséquences, pas nécessairement ressenties tout de suite, peuvent se révéler dramatiques.

Nombre de femmes victimes de violences sexuelles sont sujettes au syndrome de stress post-traumatique, à des conduites addictives, à des troubles alimentaires, à des dépressions sévères pouvant conduire à des conduites suicidaires. Leur santé psychologique et physique peut être gravement impactée.

Il est donc nécessaire de prendre très au sérieux ces violences qui restent trop souvent dans l’ombre.