« J’ai souhaité, en tant que juriste, épauler les femmes dans leurs différentes démarches, les soutenir et les aider à sortir de la violence conjugale. Car elles peuvent en sortir ».

JURISTE2
Depuis 5 ans maintenant, Elle’s Imagine’nt et le Point d’Accès au Droit (PAD) du 15e ont créé un partenariat afin de venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Karine Ballu, coordinatrice du PAD 15 , revient sur son travail avec les femmes et sa collaboration avec Elle’s Imagine’nt.

Pouvez-vous vous présenter ?

De formation juridique, cela fait 10 ans que j’interviens dans le domaine associatif. J’ai travaillé pendant 3 ans auprès des femmes victimes de violences et, depuis avril 2015, je suis coordinatrice du Point d’accès au Droit 15 (PAD), salariée d’ARAPEJ (Association Réflexion Action Prison Et Justice).

Qu’est-ce que le Point d’Accès au Droits et quel est votre rôle ?

Le Point d’Accès au Droit est un service public mis en place par la Ville de Paris, en lien avec la Mairie du 15e arrondissement et en partenariat avec l’État, la Région Île de France, le Conseil départemental de l’accès au droit de Paris. Il est géré par l’association ARAPEJ.

Ce service gratuit et confidentiel favorise, comme son nom l’indique, l’accès au droit des citoyens. Des consultants ou avocats du barreau de Paris délivrent des informations et des conseils juridiques sur les différents domaines du droit : famille, travail, consommation, pénal, étrangers… Le dispositif propose aussi le règlement amiable des litiges par l’intermédiaire de conciliateurs de justice, de délégués du défenseur des droits, de représentants du Médiateur de la ville de Paris, de médiateurs familiaux.

En ce qui me concerne, j’assure la coordination du PAD. Je suis garante du bon fonctionnement du service qui compte 2 agents et une dizaine d’intervenants (associations, Barreau de Paris, institutions…), du déroulement des permanences et du respect de la discrétion professionnelle.

Quelles sont vos missions ?

Je recherche des partenaires, participe aux réunions institutionnelles, mets en place des actions spécifiques autour des journées du 8 mars ou du 25 novembre notamment. Je suis l’interlocutrice des membres du comité de pilotage.

Notre objectif : faire des propositions pour améliorer le fonctionnement et le développement du PAD, présenter les rapports statistiques réguliers de notre mission. Je délivre aussi des informations juridiques en accueil ou lors d’entretiens pour des situations particulières comme celles des femmes victimes de violences conjugales.

Pouvez-vous me parler de votre partenariat avec l’association Elle’s Imagine’nt ?

Je connais Elle’s Imagine’nt depuis près de 5 ans. À mon arrivée au PAD, il me semblait important de poursuivre ce travail partenarial.

Nous avons entrepris des actions communes autour des violences, des inégalités pour sensibiliser les partenaires sur cette question : ainsi, les femmes nous identifient plus facilement et ne restent pas isolées.

Nous intervenons dans des domaines différents mais cette complémentarité est nécessaire.

Depuis quand êtes-vous engagée auprès des femmes victimes de violences conjugales et pourquoi ?

De manière générale, je suis engagée pour l’égalité des femmes et des hommes depuis une dizaine d’années. La cause des femmes victimes de violences conjugales me touchait particulièrement et je me suis donc formée depuis 5 ans pour pouvoir leur apporter une écoute et un accompagnement juridique adéquats.

Cela s’est fait naturellement. En travaillant dans une association d’informations juridiques, j’ai rencontré beaucoup de femmes victimes de violences conjugales et elles m’ont touchée. C’est pourquoi j’ai souhaité, en tant que juriste, les épauler dans leurs différentes démarches, les soutenir et les aider à sortir de cette violence. Car elles peuvent en sortir.

Avez-vous constaté des attitudes / des demandes particulières lors des entretiens ?

Toute femme, quels que soient son statut de couple, son statut social, sa culture… peut être victime de violences conjugales.

Je n’ai pas constaté d’attitudes récurrentes puisque chaque femme a sa propre personnalité et sa propre émotion par rapport à la situation vécue. Et c’est important de le souligner, car certaines femmes se disent sans doute que nous avons vu ou entendu des histoires plus graves que la leur. Or, il n’y a pas de degré de gravité dans la violence : ce qu’elles vivent est tout simplement inacceptable.

Lors des entretiens, les femmes s’interrogent beaucoup sur le devenir de leurs enfants, leur rôle de maman. Il me semble important que nous, les professionnels, les rassurions sur leur capacité de mère. Nous devons aussi les informer de l’impact des violences sur les enfants pour qu’ils puissent être pris en charge psychologiquement, et ce, le plus tôt possible.

Auriez-vous des conseils à donner aux femmes sur les premières actions à mener pour sortir des violences ?

Il m’est difficile de donner des conseils spécifiques, car l’accompagnement doit être global et transversal, mais je peux leur dire que la violence n’est pas une fatalité en soi. Une fois que les femmes ont parlé à un professionnel (formé) de leur situation, elles ne sont plus seules et recommencent à croire en leur capacité, à se faire à nouveau confiance et dans le même temps à faire confiance aux autres. Elles se battent pour accomplir leurs démarches, s’occuper de leurs enfants, travailler… et retrouver une certaine « sérénité ».

Je suis toujours bluffée par leur force et leur courage, car il faut bien le dire : les démarches sont tout de même longues et éprouvantes.

Avez-vous des projets personnels et / ou professionnels contre la violence conjugale ?

Depuis le 17 avril 2015, le PAD a mis en place, une fois par mois, une nouvelle permanence en droit pénal. L’aide aux victimes est assurée par une bénévole de l’ARAPEJ, de formation juridique, spécialisée dans les violences faites aux femmes : Mme Demharter.

J’anime également des actions de sensibilisation ou d’information sur ce sujet. Bien que mon poste de coordinatrice implique des missions annexes, je continue et continuerai à recevoir des victimes de violences conjugales pour leur apporter l’écoute et l’aide dont elles ont besoin dans leurs démarches juridiques.


Rappel des actions du PAD

–   Permettre un accès au droit gratuit pour les personnes les plus démunies
–   Proposer des permanences correspondant aux besoins des usagers
–   Donner une information adaptée à la situation de l’usager et qu’il puisse comprendre aisément
–   Identifier les missions de nos partenaires pour une meilleure orientation de l’usager
–   Organiser des actions d’information gratuites, à destination des usagers ou des professionnels.

.